Mauvaises nouvelles

Une fois sa conversation avec Rose terminée, Thomas la regarda partir et attendit que le frère Owen soit libre pour aller lui parler. Le regard du prêtre se posa immédiatement sur la balafre qui courrait le long de la joue du jeune vampire.

"Mauvaises nouvelles mon frère. Gunnar m'a rendu visite hier soir et nous n'avons pas été d'accord. Mis à part le fait que je suis un traitre à mon sang et qu'il ne m'a épargné que parce qu'il n'y a aucun honneur à tuer un faible, il a avoué le meurtre du Paladin de mère Leighton mais nier être l'assassin de Samuel Doyle."

Silence...

"Et surtout, il a dit que la guerre commencait."

Owen prit un air soucieux.

- Fâcheux, qu'est-ce qu'il vous a fait?

- Qu'importe ce détail, ce qui importe c'est de savoir que c'est ce fou qui est responsable de la mort de mon paladin, et qu'il me menace !

Miranda Leighton avait sans doute entendu la conversation car sa voix résonna de derrière Thomas. Celui-ci se retourna. Elle poursuivit sans sembler le voir.

- Je crois, frère Owen, que le temps est venu pour nous de répondre franchement aux menaces de ses lunatiques. Ils veulent la guerre, et bien donnons leur ce qu'ils veulent. Débarrassons nous une fois pour toute du fils de l'Impie.

Elle jeta un regard dédaigneux sur Thomas avant de poursuivre.

- Le Cercle en a trop fait, l'Invictus a fait valoir son droit de veto il y a six mois, mais cette fois, ils seront d'accord pour traquer les acolytes.

"Mère Leighton..."

Il inclina légèrement la tête en un salut respectueux avant de répondre.

"Je crains qu'il n'y ait de toute façon pas d'autre choix. Les fils de Fenrir veulent la guerre et tant qu'ils ne l'auront pas, ils continueront de s'attaquer à nos frères."

Leighton tiqua et regarda Thomas.

- Les Fils de Fenrir? Qu'est-ce que c'est que ça?

"C'est ainsi que se font appeler Gunnar et les siens. Ils prétendent qu'ils descendent du loup Fenrir. Chaque fois qu'un hurlement de loup se fera entendre dans Londres, ce sera un fils de Fenrir qui hurlera."

- C'était donc eux.

- Mère Leighton, il semble que les responsables soient les Fils de Fenrir. Cette coterie est dissidente que gros du Cercle.

- Dissidentes? Vous plaisantez?

Mère Leighton regarda le frère Owen d'un air dédaigneux.

- Ne vous moquez pas de moi, frère Owen. J'en ai plus qu'assez que ces timbrés s'attaquent à moi. D'abord mon infant, ensuite mon paladin. Je ne peux tolérer d'être menacé de la sorte par une bande de dégénérés, vous comprenez? Alors, frère Owen, vous allez plaider notre cause au Conseil et demander à l'Invictus qu'il nous autorise à exterminer le Cercle.

- Mère Leighton, cette décision revient à l'Evêque, vous le savez.

- Je le sais bien, bon sang !!!

La vampire commençait à être hors d'elle-même et sa voix résonna dans toute l'eglise.

- Je suis personnellement menacé par le Cercle de la SOrcière, j'entends que mes plaintes soient entendues.

- Je doute que le Hiérophante De Valnoir ait commandité ces attentats, si je puis me permettre.

- Le Hiérophante de Valnoir? Vous allez me dire que vous êtes amis, maintenant?

- Je n'ai pas dit ça, mais je le respecte assez pour savoir qu'il veut le bien de sa ligue, et s'en prendre inlassablement à nos frontières n'est pas la solution. Je suis sûr que les activités des Fils de Fenrir ne sont pas cautionnées par le Cercle lui-même.

- Ah, vous croyez? Eh bien allez leur demander.

- J'en parlerai au Conseil de la ville, Mère Leighton. Ecoutez, je sais que nos idéologies et celles du Cercles diffèrent mais...

- Non, frère Owen, vous ne comprenez pas. Je me contrefiche, m'entendez-vous, de cette histoire d'idéologie, je refuse simplement que l'on s'attaque à moi de la sorte. Alors, débrouillez-vous, mais je veux que vous demandiez au Judex de lever son veto. Sinon, je demande à mon frère de s'occuper personnellement de ça.

- Je doute que d'envoyer l'inquisiteur John Christow soit une bonne idée. Attendons la prochaine session du Conseil.

- Quand est-ce?

- Dans une semaine.

- QUoi?! Hors de question, envoyez quelqu'un rencontrer votre ami du Cercle.

- Le Hiérophante De Valnoir n'est pas mon ami mais ....

- Assez, conseiller Owen, je veux juste que vous envoyez quelqu'un lui parler de tout ça. Tenez, lui, pourquoi pas !

Elle montra négligemment Thomas d'un signe de tête.

- Pourquoi pas vous, après tout? Vous l'avez déjà rencontré et vous êtes le frère de l'autre dégénéré. Vous êtes donc un Fils de Fenrir, non?

Un sourire sardonique vint éclairer le visage radieux de Miranda Leighton. On aurait dit une magnifique diablesse.

Thomas resta un instant bouche bée face aux propos de la vampire.

"J'ai beau être son frère, je ne cautionne pas ses actes et n'ai pas les même conviction que lui. J'ai rejeté mon père au moment même où il m'a étreint. Nulle chance que je sois un Fils de Fenrir, à leurs yeux comme aux miens."

- PEu importe, c'est décidé, vous irez voir le Cercle. Inutile de convenir d'un rendez-vous, allez-y maintenant et essayez de ne pas vous faire tuer. Faites part au frère Owen de votre entrevue, et vous frère Owen, vous me l'expliquerez.

- Madame, c'est bien trop risqué pour monsieur Apcher. Aller en plein territoire du Cercle, sans compter Gunnar et sa coterie rôdant jusque sur nos frontières.

- Eh bien justement, s'ils rôdent près de nos frontières, ils ne l'ennuieront pas dans les bidonvilles du Cercle. Sur ce, j'ai à m'entretenir avec l'inquisiteur afin qu'il se tienne prêt. Je gage qu'il sera parfaitement capable d'arrêter GUnnar et ses dérangés si on l'en lui donne l'ordre.

Sur ces mots, Miranda Leighton quitta les lieux, tête haute en vrai harpie de l'Invictus.

Le frère Owen se retourna vers Thomas, 'l'air inquiet et confus.

- Je suis vraiment navré, Thomas. Je ne peux rien faire, Mère Leighton est mon supérieur, je ne peux pas interférer plus en ta faveur. Je pourrais bien parler à l'Evêque, mais je crains qu'il ne fasse que cautionner la proposition de sa prêtresse, la non-vie du fils de l'Impie ne vaut pas encore beaucoup pour les plus rigides d'entre nous.

"Ce n'est pas grave frère Owen. Ce n'est rien d'autre qu'une nouvelle mission que la Lance me donne pour lui prouver ma dévotion. Plus grave que mettre ma vie en danger, que dois-je dire au conseiller de Valnoir? Nous savons tout deux qu'il ne tient pas en laisse les fils de Fenrir et qu'il ne pourra rien faire pour les empêcher d'agir, surtout s'ils sont sur nos terres."

- Je sais que les Bénis comme Mère Leighton ou même l'Evêque ont du mal à l'entendre, mais je siège au conseil comme le Hiérophante et j'ai ainsi pu constater qu'il faisait preuve de sagesse et n'agirait pas sous l'impulsion comme Gunnar ou l'Impie. Il a ses croyances, d'ailleurs très différentes de celles de Gunnar puisque Roland De Valnoir est versé dans le vaudou, mais il prend ses décisions pour le bien de sa ligue. Je ne crois pas qu'il soit en faveur d'une guerre ouverte.

PAr conséquent, ne le sous-estimez pas, je pense qu'il vous entendra. Parlez lui de ce que vous savez, et tâchez de savoir ce que lui sait; j'ignore s'il consentira à vous le dire, mais vous pouvez essayer. Tâchez de vous en faire un allié et ne lui parlez pas comme s'il était votre ennemi. L'ennemi, c'est Gunnar et les Fils de Fenrir, vous verrez comment il réagira.

"Merci pour ces conseils mon frère. Je viendrais vous rapporter le résultat de notre entrevue."

Sur ce, Thomas salua le vampire et se dirigea vers la sortie. Ne restait plus qu'à...

Une fois dehors, Thomas refléchit comment il allait pouvoir rejoindre le temple de l'esprit sans trop attirer l'attention sur lui. Tomber sur une patrouille serait fâcheux... Et pourquoi pas simplement prendre un fiacre et se faire déposer juste devant le temple? L'idée était tentante mais il ne savait pas comment réagirait les acolytes s'ils reperaient un vampire à l'interieur d'un fiacre. Le conducteur ne ferait pas long feu, tout comme le passager. Mieux valait y aller seul pour ne pas risquer la vie de quelqu'un d'autre. Il faudrait juste être discret jusqu'à pouvoir se présenter au conseiller de Valnoir. Thomas décida donc de prendre un fiacre jusqu'à arriver aux portes du territoire du cercle. De là il continuerait à pied, se fondant le plus souvent possible dans la masse et évitant les endroits trop isolés.

Il n'avait que son scalpel sur lui. Etrangement il aurait aimé avoir ses armes d'aspirant croisé. Bien qu'il ne savait pas encore les manier à la perfection, les avoir sur lui l'aurait rassuré... Mais il devait faire sans, il avait été envoyer afin de parler au conseiller, non pour tenter une quelconque actions physique à l'encontre du cercle.