La fin de Jack l'Eventreur

00h42, Hampstead au Highgate Cemetery.

Thomas Apcher et Rose Clark venaient de passer les portes du nouveau cimetière de Highgate, jetant des regards inquiets aux ombres charnues des ronces rampants sur les stèles.

Un silence aussi morts que ceux qui dormaient sous les tombes régnait en maître absolu sur la nécropole obscure, insultant chaque pas dans les graviers de troubler le repos éternel des résidents.

Rose Clark était cependant venu de nombreuses fois se recueillir sur la tombe de son défunt mari, pour maintenir la supercherie, et peut-être aussi un peu par respect. Ainsi, elle guida Thomas relativement facilement à travers le cimetière vers la stèle excentrique de Sir Clark.

Mais personne à l'horizon, aucune trace de Sebastian.

Quand tout cas coup, des bruits sourds et étouffés vinrent troubler le silence mortuaire de l'endroit. D'où provenaient ces sons? Rose et Thomas se regardèrent.

Puis, quelqu'un s'égosilla dans une exclamation si puissante qu'elle en était irréspectueuse pour les défunts qui auraient pu se relever pour punir l'impudent.

- GARDIEN !!!!!! ............................ GARDIEEEEEN !

Il reconnurent tous deux la voix caractéristique de Sebastian Magyarnandor. Comme une seule et même personne, ils se ruèrent dans les ténèbres dans la direction évidente d'où provenait ces cris impératifs et peut-être un brin désespérés, manquant mainte fois de trébuché sur les stèles masquées par le noir.

Brusquement, ils s'arrêtèrent lorsqu'ils virent deux silhouettes se détacher sur le tableau ténébreux, l'une en face de l'autre.

Ils n'eurent pas le temps de réagir que l'une des ombres fantômatiques fonçait sur l'autre jusqu'à l'atteindre au corps à corps dans un geste brutal.

Un son malsain vint s'infiltrer dans leurs oreilles, en même temps que l'un des hommes laissait échapper un hoquet étranglé...

HRP: bien, les deux nouveaux arrivants, Rose et Thomas, à vous de poster. On tirera sans doutes les initiatives ensuite.

Ce son malsain, Thomas le reconnu parfaitement. C'était le bruit de la chair déchiquetée. Malgrès les nombreuses autopsies qu'il avait pratiqué, il ne l'avait jamais entendu sur une personne encore vivante et ne put s'empecher d'avoir un rictus de dégout.

"Quelle merde"

Il sortit rapidement son scalpel de sa poche et courut en direction des deux ombres.

Invité

Rose compris immédiatement que son ami russe, sans savoir si c'était lui qui se faisait frapper, était dans le pétrin. Elle voulu l'aider mais, en tant que femme pas bien puissante ni armée, il était absolument inutile qu'elle se joigne au combat. Elle glissa alors à Thomas, avant que celui-ci ne fonce vers le tas, un "Je reviens vite" et parti en courant dans la direction de la cabane du gardien. Elle était certaine que là-bas elle trouverait une arme, le gardien devait en posséder une, ou un objet d'une quelconque aide. Elle savait que le gardien allait sans doute accourir d'un instant à l'autre, s'il était là, mais cela valait là peine d'essayer.

Aussi, elle abandonna, sans lâcheté aucune, ses amis et s'enfonca parmi les pierres tombales vers la cabane du gardien.

HRP: ok Cha, si tu trouves pas d'arme, ramène au moins le gardien.

Le couteau planté dans la chair du jeune russe, l'assaillant fut attiré par des bruits à quelques mètres de lui. Et c'est là qu'il vit Thomas Apcher courir dans leur direction.

Il extirpa sans ménagement la lame du corps de Sebastian qui lâcha un cri de douleur puis sans plus attendre s'enfuit à toute jambe à travers le cimetière...

Invité

Alors qu'il courait parmis les tombes en serrant ses dents maculées de sang, Sebastian avait imaginé bien des issues possibles à cette poursuite. La mort de l'assaillant, celle de Thomas, ou encore l'échec de la poursuite...

"Comment ça enfoncé dans le sol ?! Y a pas de trou merde !!

Putain... c'est pas possible un truc pareil !"

C'en était trop pour le jeune russe. Depuis qu'il l'avait tabassé à coups de pelle sans qu'il ne bronche, l'homme lui avait toujours parut bizarre. Un peu trop comme un certain Warrick jadis...

Mais ça. Cela dépassait les limites de l'entendement. Ce monde était déjà suffisament complexe sans que des hommes disparaissent dans le sol comme ça. Comment adopter la réaction adéquate face à cela ?

"Il doit être quelque part ! C'est...

Vous l'avez vu comme moi j'ai pas rêvé !! J'ai caché une lanterne plus loin !"

Thomas resta un instant, les bras ballant. Cet enculé s'était enfoncé dans le sol, comme si c'était du beurre et sans laisser de trace. Il regarda à l'endroit où Devon avait disparu et ramassa son scalpel au sol, couvert de sang.

"Putain c'est pas vrai! Sebastian bouges pas de là, je vais chercher la pelle."

Thomas courut vers la tombe (à une allure bien moins rapide que pour attraper le fuyard), pris la pelle et revint avec la ferme intention de creuser à l'endroit où devon avait disparu.

"Je sais pas quel tour de passe-passe il nous a joué mais je compte pas le laisser s'en sortir."

Invité

Rose resta figée sur place, interrompue dans sa course.

- Nom de d....!!!

Elle regarda le sol. Aucune trace. Cela dépassait toutes les limites de l'entendement et, comme l'était Seb, elle resta scotchée sur place, ahurie, pendant trois longues secondes.

Son premier réflexe fut ensuite d'aller chercher une "raison" à cette disparition. Aussi, elle se précipita vers l'endroit où l'agresseur de Seb - Rose eut le temps de s'apercevoir que son ami était plus que mal en point - avait disparu à la recherche d'une trappe, d'un trou dissimulé...

- Ce-n'est-pas-possible!! Enfin, il n'a pas pu disparaitre comme ça!!

La voix de Rose était stidente, complètement angoissée et paniquée. Si Seb n'avait pas été là, elle aurait pu penser qu'elle devenait folle.

Dépités, incapable de trouver la source du coup de feu, nos trois sans repos décidèrent de partir, bredouilles.

Ils tournèrent les talons et parcoururent ainsi quelques mètres, quand soudain, un bruit de terre que l'on disperse se fit entendre.

Ils firent volteface et virent une silhouette qui se tenait debout là où l'assaillant avait disparu dans le sol même. L'ombre prit immédiatement la fuite dans la direction opposée.

Comme un seul homme, ils se mirent tous les trois à la poursuite du fuyard... mais l'un d'eux se distingua nettement... trop nettement.

Thomas Apcher se mit à courir à une vitesse ahurissante à tel point que Sebastian et Rose crurent voir l'une de ces voitures sur roues qui avaient fait leur apparition dans certaines expositions. Incroyable.

Lorsqu'il eut rattrapé le fuyard, en quelques courtes secondes, ses deux compères d'infortunes purent voir il utilisa habilement son scalpel pour trancher la jugulaire de l'individu.

Ce dernier s'effondra.

Thomas s'accroupit sur le corps de Devon, le regardant dans les yeux. Il tâta rapidement le pouls et regarda la plaie. Il dit quelque chose à l'homme qui se mourrait avant de se relever et que les autres arrivent.

"J'ai tranché trop fort, Devon vit ses derniers instants"

Invité

-Si seulement t'avais raison mon vieux Faust... mais je connais ce genre de saloperie..."

Le jeune russe qui se trouvait debout juste derrière lui parlait d'un ton mélangeant haine et dégout, et ne laissa pas à Thomas le temps de réagir. Sortant sa corde de son sac il se mit à attacher aussi solidement qu'hargneusement les pieds et les mains de Devon avant de lui coller son arme sur la tempe sans le moindre ménagement.

"Je sais de quel genre de coup fourré t'es capable sale ordure... alors tu vas gentiment répondre aux questions avant que je ne te brûle ta sale gueule.

Te briser tout les os du corps ne servira à rien, mais j'ai plus d'un tour dans mon sac si tu vois ce que j'veux dire..."

Ostensiblement, Sebastian fit couler un mince filet de pétrole sur le crâne de Devon et approcha sa lanterne de celui-ci.

Alors que les trois sans repos semblaient enfin souffler, penchés sur le corps de Devon, l'un satisfait, l'autre n'en n'ayant pas terminé, et une dernière attendant patiemment un éventuel dénouement comme si tout allait redevenir normal, comme avant, le gravier chuchota derrière eux.

- Foutu gardien, s'il avait pas insisté, j'aurais pas été obligé de... enfin peu importe, bonsoir.

C'était "George." Souriant de ses dents inégales, il pointa un revolver en direction de Thomas Apcher.

-Désolé mon gars, les ordres sont les ordres.

George tendit le bras.

HRP: quoiqu'il arrive, c'est Maxime qui doit poster.

"Ouais je comprends, Clayton donne les ordres, tu les exécutes."

Thomas avait perdu son assurance. Ses muscles étaient tétanisés après les efforts qu'il avait du faire ce soir, ses mains tremblaient et il frissonnait en continuant de fixer 'Georges' dans les yeux.

LE visage de George changea immédiatement d'expression. Il perdit son sourire et se fit plus dur et menaçant. Son bras tendit se mit à bouger frénétiquement.

- Bordel, t'es qui toi? Parle. Parle bon sang ou je t'explose la tête.

"Pour reprendre les termes de ton ... 'patron', je suis le toutou du vicomte Andrew Howells."

Il resta immobile, continuant de fixer Georges.

- Le tou... T'es une goule? Allez balance, je perds patience, je te jure je vais en finir si t'es pas plus clair !

George avait soudain l'air plus inquiet... et plus instable.

Bon, pour la discretion c'était foutu...

"Ouais je suis une goule..."

Invité

Sebastian regardait les deux sinistres personnages simultanément en serrant les dents et se désinteressa totalement de Devon pour se relever brusquement, son outre de pétrole dans une main, sa lanterne dans l'autre.
Peut-être pas si désintéréssé que ça en fait, si on en jugeait par la manière dont il maintenait le corps de Devon au sol avec son pied.

"Putain... Voilà notre ami l'excité de la gachette... t'as bien choisis ton moment pour revenir...

Apcher... je crois pas que Goule soit une insulte du pays de Galles... qu'est-ce que...

Tu serais un..."

Les yeux gris-bleu de Sebastian s'ecquarquillèrent lorsqu'il comprit l'espèce à laquelle appartenait l'homme qui resistait aux balles à sa droite, et le sprinteur hors-norme à sa gauche.

Il se sentit soudainement très en danger et tint son outre de pétrole bien pret de lui.

"Apcher... si seulement ça servait à quelque chose etant donné ce que tu es, je t'aurais cassé la gueule pour ne pas nous en avoir parlé..."

Invité

Rose resta figée, comme d'habitude. Cet état était presque devenu "normal" et des pensées fusèrent dans son cerveau.

Thomas était une Gule... Ggggaule... Peu importe. Il n'était pas normal et sa vitesse l'avait plus qu'impressionné. Mais qu'importe, ce mystérieux - et fou surement - de George pointait son arme vers Thomas, et, quelle que soit les bizarreries incompréhensibles de la soirée (dans le feu de l'action, en plein coeur des évènements, on ne saisi pas toujours tout...) il fallait qu'elle intervienne.

Clayton.

George connaissait Clayton. Travaillait-il pour lui?

Et Thomas? Etre la "Guile" de Howells voulait-il dire qu'ils étaient amants? Ou collaborateur? Ou... Bah. Suffit les questions. Il fallait agir.

Agir...

Sans réfléchir et parce que oui, Rose Clark n'avait vraiment plus rien à perdre - ni famille, ni amour, ni maison, ni biens... Un ami, peut-être.... - qu'elle s'avanca vers la scène et s'interposa entre le canon et la poitrine de Thomas.

Peut-être gagneraient-ils du temps... Peut-être que cela laisserait le temps à Thomas de fuit ou à Sebastian de l'aider autrement. Ces deux individus, aussi étranges soient-ils, lui avaient appris tellement de choses en quelques jours que le sacrifice de sa petite et misérable vie lui sembla être une bien maigre compensasion.

- Hors de question que Thomas ne meure, Georges.

Etait-ce du chagrin dans sa voix? Une lassitude? La voix de la sombre et ténébreuse Lady avait perdu tout timbre. Mais elle ne se fichait en aucun cas de mourir. Rose voulait vivre. Aussi, elle fit de son mieux pour garder contenance et, même si c'était peut-être en vain, elle parla à George avec dignité et une sévère autorité.

- Je veux parler à Sir Clayton. Maintenant. Plus de sang. J'en ai ma claque. Je veux terminer ma mission et j'ai besoin de ces deux gaillards, plus que vous n'en doutez.

Les mains posées sur les hanches, droite, fière, Lady Rose Clark regardait droit dans les yeux de Georges.

Le visage de George se changea en un rictus étrange.

- Ca tombe bien, Lady, je suis là pour ça. Pour vous emmener voir le maître. Sir Clayton je veux dire. Il a des choses à vous dire.

Il jeta un regard en direction de Thomas.

- Toi, je te conseille de te tirer rejoindre ton maître. Allez dégage, c'est plus tes affaires, cet vermine est morte.

Il montra le corps de Devon d'un signe de tête nonchalant.

- Allez, casse toi.

"Ouais t'inquiètes pas, je me tire. Lady Clark, Sir Magyarnandor... Un plaisir d'avoir travaillé avec vous."

Thomas fit une brève révérence avant de partir loin du cimetière.

Invité

Rose regarda Thomas partir. Sans un autre mot.

...

Elle ne le regarda même pas. Elle venait de risquer sa vie pour ce... Cette... Bah.

- Et bien allons-y.

Et elle se retourna vers Sebastian. Leurs chemins se séparaient ce soir. Cette idée l'attrista. Elle aurait aimé qu'il vienne et son regard vers le russe fut explicite de ses pensées. Mais c'était une mauvaise idée. Ils se retrouveraient. Bientôt, elle le sentait.

- Bien. Je vous suis. Et laissez partir Sebastian en paix.

Et se retournant une dernière fois vers le jeune russe, elle lui fit un léger clin d'oeil.

- Rentrez vous soigner Sebastian. Cela me rapelle la première fois que je vous ai vu, dans cette ruelle...

Et elle tourna les talons, à la manière d'une grande bourgeoise dans une situation qu'elle ne maitrisait absolument pas.

Le sourire dérangeant de "George" se manifesta à nouveau.

- Sincèrement navré, Lady, mais comme je le disais, les ordres sont les ordres.

Perdant son sourire et gagnant une expression neutre purement professionnel, celle d'une marionnette exécutant ses gestes sous l'influence du marionnettiste , il pointa le canon de son revolver en direction du jeune russe blessé.

- Adieu, Monsieur Magyarnandor.

Sous l'oeil horrifié mais impuissant de la Lady, Sebastian regarda la mort en face, résigné, un simple regard noir emplie d'un dédain profond pour son meurtrier. Quand...

- Je ne ferais pas ça si j'étais vous...

Cette voix. Sifflante comme des lames de rasoir qui mutilerait vos tympans et votre âme même. Un souffle, aussi froid et cinglant qu'un vent arctique. Le souffle de la Mort. Oui, cette voix qui figea le coeur de Lady Rose Clark et qui arracha des tremblements au gros dur de George. Cette voix, il l'a connaissait. Cette voix était l'emblème de ses cauchemars les plus profonds, les plus intimes même. Cette voix, c'était celle de la Mort à la canne, comme il l'avait ainsi nommé.

Sortant des ombres, une silhouette voûtée s'appuyant sur une canne au pommeau d'argent luisant comme la lune émergea comme de la terre des tombes elle-même. Il portait une longue gabardine noire dont le col haut remontait jusqu'à dissimuler la partie inférieure de son visage, tandis qu'un chapeau haut de forme rabattu vers l'avant jetait une ombre sur ses yeux, masquant entièrement son visage.

Sa canne claqua contre le gravier, plusieurs fois, alors qu'il avançait lentement dans leur direction, emplissant leur coeur d'effroi, leur glaçant le sang, et leur arrachant des tremblements involontaires.

- Je...

- Quittez cet endroit et rejoignez votre maître.

George, tout tremblant en laissa même tomber son arme à terre. Apeuré comme un enfant, il se baissa pour la ramasser.

- Oui, tout de suite, my Lord. B...Bonne soirée à vous.

George se tourna vers Rose, haletant.

- Allons-y, Lady, il est temps.

Et George emmena Rose hors du cimetière, vers Sir Gordon CLayton.

L'homme à la canne se tourna alors tel un prédateur de cauchemard vers le jeune russe terrorisé.

- Comment allez-vous,Monsieur Magyarnandor?